dimanche 2 janvier 2011

Oh how we stay still though we like to think that we're moving



La terre que nous foulons chaque jour se nourrit de nos morts, de nos regrets et de nos pertes. Elle soulage les âmes et consomme la chair, la chair froide et raide des gens qui ont piétinés avant nous des corps, les corps de ceux qui nous hantent à présent. Le cycle éternel de la mort nous force à creuser nos pays, de plus en plus profondément, la mort nous violente et nous bouscule, dans une stupéfaction sordide et une solitude sans fin. Ses insectes nécrophages, son haleine putride. Qui que vous soyez, la mort mangera le cœur de vos cadavres, elle le fera griller sur les emblèmes de vos religions naïves, de vos croyances qui se taisent, et la foi muette ne peut mentir. Alors les disparitions peuvent prendre un air de couronnement. La foi omet les tissu en décomposition. Et pourtant la conviction de tant de fidèles s'effrite à mesure que les nerfs sont dévorés sous terre. Et notre insolence nous pousse à toujours prendre appui sur cet engrais morbide, à irriguer le sol de nos larmes, entretenant la mort, entretenant la vie. Chaque jour nos morts restent placides, tandis que le temps dévore leurs carcasses, tandis que leur image danse dans nos esprits, tandis qu'à toute allure nous consommons notre chaleur. Et le monde souterrain rappelle aux vivants que l'innocence n'existe pas. L'angoissant rapace qu'est la fatalité se pose sur des milliers d'épaules chaque jour, et chaque jour on creuse plus profond la cavité dans laquelle nous finirons tous.

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